
Vendée Sports : « Thomas, vous êtes retiré du peloton professionnel depuis 2017. Comment se déroule votre retraite sportive ? »
Thomas Voeckler : « Je suis un retraité actif. J’ai eu la chance de choisir le moment où je voulais mettre un terme à ma carrière de cycliste professionnel. Je fais du vélo depuis l’âge de mes 13 ans et je vous assure que quitter le milieu, à l’issue du Tour de France 2017, n’a pas été facile à vivre. Loin de là, même. Mais, je mesure, aussi, le luxe qui est le mien de pouvoir décider ou non de la suite. En 2016, à l’annonce de mon souhait de raccrocher après la grande boucle, j’étais déjà en contact avec France TV pour le poste de consultant. Cela s’est donc fait naturellement ».
Vendée Sports : « Depuis sept ans, vous intervenez régulièrement sur les classiques et les épreuves majeures comme Le Tour, en tant que consultant, donc. Comment le virage a-t-il été abordé ? Et comment vous sentez-vous aujourd’hui avec plus d’expérience ? »
Thomas Voeckler : « Comme je vous l’ai dit, j’étais déjà dans les tuyaux du service des sports de France TV et la transition s’est faite simplement. Cédric Vasseur qui partait chez Cofidis a libéré une place. Ce que j’aime dans cette mission de consultant, c’est le naturel et la spontanéité. Deux traits de caractères qui collent parfaitement à ma vision des choses. Jacky Durand a été ma référence en la matière. J’aimais comment il faisait et je m’en suis inspiré, mais avec mes codes. Et ma façon de faire en somme ».
CASQUETTE DE SÉLECTIONNEUR DEPUIS 2019
Vendée Sports : « On comprend donc que la retraite est dynamique comme vous aimez à le préciser. Depuis 2019, vous êtes sélectionneur de l’équipe de France de cyclisme route en plus de celle de consultant. Avec une réussite insolente. Vous êtes également ambassadeur pour différentes marques et aussi le support d’un challenge pour le club de la Roche Vendée Cyclisme. Beaucoup d’interactions entre vos activités qui sont liées au vélo. Comment arrivez-vous à composer ? »
Thomas Voeckler : « Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne suis pas un businessman rapport aux marques que je représente. Si je prends l’exemple du CIC, qui est partenaire de l’équipe de France, j’interviens pour des causes nobles avec lesquelles j’adhère complètement. Comme les conseils que je peux donner sur la sécurité routière. Ou encore le Roc d’Azur où j’ai pu échanger sur les différentes manières de rouler, car cette épreuve se veut aussi pédagogique. En ce qui concerne mon poste de sélectionneur, je dirai que c’est une belle aventure. Et qui dure. Ponctué, il est vrai, de belles réussites. Mais, il me permet, surtout, de rester connecté au milieu tout au long de l’année. C’est forcément un plus pour mon rôle de consultant. Le lien resserré entre ces deux activités est indéniable. Si je suis naturel au micro, je suis aussi un passionné. Et je le suis tout autant quand j’enfile le paletot bleu-blanc-rouge. Foncièrement, mon agenda est bien noirci, mais je sais où sont mes priorités ».
Vendée Sports : « On connaît votre attachement pour la Vendée. Vous avez roulé, toute votre carrière, sous les couleurs de l’équipe Vendéenne professionnelle. Le challenge Thomas Voeckler est également une épreuve de qualité dédiée aux catégories minimes cadets. Quel est votre rapport à ce département ? »
Thomas Voeckler : « Je dis toujours que c’est mon département d’adoption. La Vendée regorge de valeurs qui me ressemblent. Celles du travail et de l’ambition, mais aussi de l’humilité. Dans le vélo, j’y ai tout appris. Le Pôle Espoir, le Vendée U et les différentes équipes professionnelles (Bonjour, Brioches La boulangère, Bouygues Telecom, BBox Bouygues Telecom, Europcar et Direct Énergie) sont la marque de fabrique du 85. En plus, si je devais faire un choix sur ma plus belle victoire en tant que cycliste, vous seriez surpris. Tout simplement parce que je cocherai en premier mon succès aux championnats de France à Chantonnay en 2010. Devant une foule Vendéenne qui s’était déplacée en masse pour nous supporter. Nous les Vendéens ! Je m’étais préparé spécialement au Giro pour l’emporter sur nos terres. Si j’ai fait vibrer la Vendée… Elle me l’a bien rendue ».
Vendée Sports : « Thomas, le cyclisme moderne avance vite. Toujours plus vite. Quels seraient les messages que vous adresseriez aux jeunes coureurs qui aimeraient connaître les mêmes gloires que vous ? «
Thomas Voeckler : « Si j’avais un message à faire passer aux plus jeunes qui veulent franchir les paliers, un a un, je leur dirai de croire en leur rêve. Moi, c’est ce qui m’a habité et j’ai eu la chance de réussir. J’aimerais aussi ajouter qu’il ne faut jamais avoir de regrets. Il y a beaucoup de prétendants pour peu d’élus. C’est la loi du sport de haut niveau. Au final, ce n’est jamais un échec, mais souvent une belle expérience. Un bel enrichissement personnel, en somme ».